Cechapitre nous enseigne Ă©galement que les pensĂ©es les plus puissantes sont celles qui contiennent le principe de VĂ©ritĂ©. Il l’explique en nous disant, par exemple, qu’il existe un principe mathĂ©matique, mais pas de principe d’erreur ou bien un principe de santĂ©, mais pas de maladie. Personnellement, je comprends ces enseignements Lhuissier remet le condamnĂ© aux mains du directeur. Dans un cabinet voisin, il fait une rencontre curieuse avec un le condamnĂ© Ă  mort qui sĂ©journera dans la mĂȘme cellule Ă  BicĂȘtre. Ce dernier, fils d'un ancien condamnĂ© Ă  mort lui raconte son histoire et Cest de ces envoyĂ©s qu’il est question dans ce chapitre 10. L’opposition du monde Ă  Christ est telle que le Seigneur dit, en Marc 9:40: «Celui qui n’est pas contre nous est pour nous». N’oublions pas, chers lecteurs, que si le salut dĂ©pend simplement de l’acceptation de Christ par la foi, il a fallu que ce prĂ©cieux Sauveur FrançoisMauriac, Le Sagouin : rĂ©sumĂ© chapitre par chapitre Chapitre 1 L'histoire commence dans le chĂąteau familial des CernĂšs situĂ© dans la rĂ©gion bordelaise, peu de temps aprĂšs la PremiĂšre Guerre mondiale. Paule de CernĂšs rĂ©primande son fils Guillaume, nommĂ© aussi Guillou et ĂągĂ© de douze ans. Le jeune garçon prĂ©tend avoir Aucunde nous ne reviendra de Charlotte Delbo avec le site MĂ©moires des dĂ©portations RĂ©sumĂ© Cette ressource a pour objet d’accompagner la lecture et l’étude du texte de Vay Tiền Online Chuyển KhoáșŁn Ngay. Chapitre I La Vesphalie, le paradis Tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes pour le jeune Candide, docile et ingĂ©nu. Le baron de Thunder-ten-tronckh, l’ un des plus puissants seigneurs de la Vestphalie », et probablement son oncle, l’a accueilli dans un chĂąteau protĂ©gĂ© et clos, qui fait rempart Ă  toute violence extĂ©rieure. Candide est secrĂštement amoureux de CunĂ©gonde, la fille du baron et de la baronne. La fĂ©licitĂ© est absolue, jusqu’au drame Candide et CunĂ©gonde sont surpris par le baron dans leurs Ă©bats, Candide est chassĂ© du paradis, et l’aventure commence. Candide n’aura de cesse de retrouver CunĂ©gonde, objet d’une quĂȘte qui le rĂ©vĂ©lera peu Ă  peu Ă  lui-mĂȘme. À travers les yeux de Candide, le chĂąteau protecteur renvoie Ă  un Ăąge d’or oĂč l’abondance et l’équilibre apparents dispensent d’une rĂ©flexion plus aboutie que la philosophie de Pangloss, prĂ©cepteur de la maison. Ce paradis se rĂ©vĂšle cependant artificiel l’exclusion du hĂ©ros ouvre la boĂźte de Pandore, et l’idĂ©ologie qui animait cet univers ne rĂ©siste pas longtemps aux tempĂȘtes. Voltaire inscrit d’emblĂ©e le conte dans une rĂ©fĂ©rence commune qu’il va s’appliquer Ă  dĂ©construire Ă  travers un voyage oĂč le hĂ©ros se trouve successivement confrontĂ© Ă  tous les malheurs du monde, puis aux turpitudes de l’ñme humaine. Chapitre II Seul et dĂ©semparĂ©, Candide rencontre dans la ville voisine de Valdberghoff-trarbk-dikdorff, Ă  la porte d’un cabaret, deux recruteurs de l’armĂ©e du roi des Bulgares qui l’enrĂŽlent aussitĂŽt, au seul motif que Candide mesure cinq pieds cinq pouces de haut ». AprĂšs des dĂ©buts difficiles, Candide, peu au fait des usages militaires, dĂ©serte avant d’ĂȘtre rattrapĂ© et conduit au cachot. Un choix lui est offert ĂȘtre fustigĂ© trente-six fois par tout le rĂ©giment, ou recevoir Ă  la fois douze balles de plomb dans la cervelle ». Candide choisit le fouet, puis les balles, avant d’ĂȘtre sauvĂ© par le roi des Bulgares, sensible Ă  ce jeune mĂ©taphysicien fort ignorant des choses de ce monde ». Chapitre III En Hollande, la guerre Candide, sĂ©duit dans un premier temps par le spectacle de la bataille, se met Ă  trembler devant ce qui, Ă  ses yeux, devient vite une boucherie hĂ©roĂŻque » qui conduit le hĂ©ros Ă  se cacher avant de s’enfuir en enjambant les cadavres. Il arrive en Hollande, tente de mendier pour manger, et rencontre, aprĂšs quelques Ă©changes malheureux sur la religion, l’anabaptiste Jacques qui le nourrit et lui propose un travail dans une manufacture d’étoffes. Il va croiser un gueux tout couvert de pustules »  C’est avec une ironie grinçante que Voltaire propose une reprĂ©sentation de la guerre qui dĂ©nonce la brutalitĂ© et l’inconsĂ©quence militaires, tout autant que le dĂ©sastre d’un systĂšme de pensĂ©e en total dĂ©calage avec le monde qu'il tente d'expliquer. Le sujet est d’actualitĂ©, alors mĂȘme que la guerre de Sept Ans 1756-1763 fait rage en Europe et dans les colonies d’AmĂ©rique du Nord les dommages humains considĂ©rables conduiront Ă  une rĂ©organisation des forces en prĂ©sence. Chapitre IV Le gueux tout couvert de pustules » se rĂ©vĂšle ĂȘtre Pangloss, Ă  bout de forces, malade de la vĂ©role et dans l’incapacitĂ© de se soigner. Il informe Candide de la destruction du chĂąteau aprĂšs son dĂ©part, de la mort du baron, de la baronne, de leur fils, et, surtout, de CunĂ©gonde. Le paradis n’est plus. Candide s’interroge Ah ! Meilleur des mondes, oĂč ĂȘtes-vous ? », tout en restant fidĂšle aux certitudes de Pangloss qui s’évertue Ă  justifier jusqu’à la vĂ©role qui le tue. Jacques, le bon anabaptiste, parvient Ă  guĂ©rir Pangloss et le prend avec Candide Ă  son service. Ils embarquent ensemble pour Lisbonne et affrontent une terrible tempĂȘte Ă  l’approche du port. L’optimisme du philosophe est confrontĂ© Ă  l’épreuve des faits. Les personnages s’obstinent cependant, ce n’est que le dĂ©but du voyage
 Chapitre V Lisbonne, au nom de Dieu Les catastrophes s’enchaĂźnent la tempĂȘte anĂ©antit le vaisseau et ses passagers ; l’anabaptiste Jacques pĂ©rit d’avoir aidĂ© un matelot qui le laisse se noyer. Seuls Pangloss et Candide survivent, pour ĂȘtre aussitĂŽt exposĂ©s au tremblement de terre qui dĂ©truit Lisbonne et Ă©crase ses trente mille habitants. Quelle peut ĂȘtre la raison suffisante de ce phĂ©nomĂšne ? » s’interroge Pangloss. Voltaire met en scĂšne le tremblement de terre de Lisbonne survenu le 1er novembre 1755 l’évĂ©nement bouleverse profondĂ©ment les mentalitĂ©s. Capitale d’un pays rĂ©putĂ© pour sa foi catholique, Lisbonne ne semblait pas mĂ©riter ce chĂątiment. Pourquoi une pareille catastrophe le jour d’une fĂȘte catholique ? La philosophie du XVIIIe siĂšcle ne s'explique pas une telle manifestation de colĂšre divine. L’Inquisition s’acharne, en vain, Ă  chercher des coupables. Chapitre VI Afin d’empĂȘcher les tremblements de terre, des hommes sont brĂ»lĂ©s pour des raisons absurdes ; Pangloss et Candide sont proches de subir un sort identique Pangloss est pendu, et Candide, fouettĂ©. Cette cĂ©rĂ©monie n’empĂȘche en rien un nouveau sĂ©isme, le soir mĂȘme. Une parodie de raisonnement tente d’enchaĂźner les liens de cause Ă  effet. Mais Candide s’interroge dans un grand dĂ©sarroi, il voit s’ébranler ses certitudes
 Chapitre VII En mer, l’art du rĂ©cit Candide est sauvĂ© par une vieille femme, personnage symbolique qui revient plusieurs fois au cours du voyage. Comme l’anabaptiste, la vieille lui permet de se soigner, de se nourrir et de s’habiller. Elle le conduit vers une jeune fille, que Candide dĂ©voile Quel moment ! Quelle surprise ! Il croit voir mademoiselle CunĂ©gonde, il la voyait en effet, c’était elle-mĂȘme ». Coup de théùtre ! Ce ne sera pas le dernier puisqu’à la logique de causalitĂ© de Pangloss, la narration oppose la surprise et le retour de personnages qui semblaient, a priori, Ă©cartĂ©s du pĂ©riple. Le dĂ©sastre du chĂąteau est racontĂ© une seconde fois par CunĂ©gonde ; rĂ©cit enchĂąssĂ© qui laisse entrevoir une autre histoire, parallĂšle Ă  celle suivie par le lecteur depuis le chapitre II. Le conte s’inscrit dans une tradition qui emprunte Ă  la fois au roman d’apprentissage, au rĂ©cit initiatique, sentimental, comique
 Voltaire s’inspire de ces traditions, pour les dĂ©tourner doublement non seulement il les parodie mais il les rĂ©cupĂšre pour Ă©laborer une pensĂ©e philosophique. L’auteur joue aussi en virtuose des procĂ©dĂ©s narratifs par le biais des ellipses, des rĂ©cits enchĂąssĂ©s, des changements de perspective qui confĂšrent Ă  la narration une densitĂ© de contenu et une libertĂ© de ton. Chapitre VIII CunĂ©gonde se lance dans un rĂ©cit aux nombreuses pĂ©ripĂ©ties suite Ă  l’attaque du chĂąteau, elle tombe sous le joug d’un capitaine bulgare qui la revend Ă  un trafiquant, Don Issachar. Celui-ci la partage depuis six mois avec le grand inquisiteur. Ces malheurs en sĂ©rie la conduisent Ă  remettre en cause la philosophie de Pangloss. Chapitre IX Don Issachar n’apprĂ©cie guĂšre la prĂ©sence de Candide et la perspective d’un second rival il le menace d’un poignard ; Candide brandit une Ă©pĂ©e et abat son adversaire. L’inquisiteur surgit ; Candide commence Ă  raisonner, l’épĂ©e Ă  la main et tue l’inquisiteur. Pour une nature si peu belliqueuse, c’est lĂ  un changement radical. Candide s’explique Ma belle demoiselle, [
] quand on est amoureux, jaloux et fouettĂ© par l’Inquisition, on ne se connaĂźt plus ». La vieille les exhorte Ă  l’action et ils s’éloignent sur des chevaux andalous avant l’arrivĂ©e de la Sainte-Hermandad, la police rĂ©gionale. Ils gagnent alors la ville d’Avacena dans les montagnes de la Sierra Morena. Chapitre X Les derniĂšres richesses de CunĂ©gonde ont Ă©tĂ© volĂ©es ; le trio est dans l’embarras Quel parti prendre ? », s’interroge Candide. Ils vendent l’un des trois chevaux et arrivent Ă  Cadix. Une flotte s’apprĂȘte Ă  partir pour le Paraguay afin de combattre des rĂ©vĂ©rends pĂšres jĂ©suites Candide convainc le gĂ©nĂ©ral de ses compĂ©tences militaires et devient capitaine d’un Ă©quipage. CunĂ©gonde, la vieille, et deux valets embarquent, avec deux chevaux, pour le Nouveau Monde, avec l’espoir que celui-lĂ  sera meilleur. L’espace est clos ; le temps est alors au rĂ©cit la vieille raconte son histoire. Chapitre XI En mer, le malheur des femmes Fille du pape Urbain X et de la princesse de Palestrine, la vieille dĂ©roule son histoire sur le mode superlatif palais, robes, talents, grĂąces
 tout surpasse en beautĂ© l’univers de rĂ©fĂ©rence de Candide et CunĂ©gonde, le chĂąteau de Thunder-ten-tronckh. L’avenir s’annonçait radieux, portĂ© par un mariage prĂ©vu avec le prince souverain de Massa Carrara. À cette perspective idyllique rĂ©pond une chute brutale le fiancĂ© meurt, un corsaire attaque, et elle est capturĂ©e avec sa mĂšre. L’arrivĂ©e au Maroc assombrit davantage encore le tableau les combattants s’opposent et se disputent le butin, entraĂźnant la mort de la princesse et de tous les prisonniers, Ă  l’exception de la vieille, laissĂ©e pour morte. Non seulement la fidĂ©litĂ© aux priĂšres ne prĂ©munit pas contre les pires horreurs, mais le rĂ©cit souligne encore l’injustice et le malheur que subissent les femmes. Asservies aux hommes, Ă©loignĂ©es des fonctions sociales, volontiers tenues responsables des misĂšres humaines, elles peinent Ă  exister. Quelques annĂ©es avant la RĂ©volution française, Voltaire s’interroge sur la place des femmes dans la sociĂ©tĂ©. Chapitre XII La vieille poursuit un rĂ©cit qui propose une vision extrĂȘmement sombre de la nature humaine. Elle survit Ă  la peste et, vendue comme esclave, passe, au fil des transactions, de Tunis Ă  Tripoli, d’Alexandrie Ă  Smyrne, de Constantinople Ă  Moscou. Elle y perd une fesse en pleine famine, sacrifiĂ©e pour satisfaire les soldats turcs. Devenue la servante de Don Issachar, elle rencontre alors CunĂ©gonde. Trahison, anthropophagie, suicide sont abordĂ©s dans ce pĂ©riple vers le Nouveau Monde autant de questions dĂ©battues au XVIIIe siĂšcle. L’ironie de la narration favorise la construction d’une distance critique. Chapitre XIII L’histoire de la vieille fait Ă©cole, et le vaisseau avance au fil du rĂ©cit des voyageurs. Ils arrivent finalement Ă  Buenos Aires, et y rencontrent le gouverneur qui s’empresse de demander CunĂ©gonde en mariage. La vieille encourage cette derniĂšre Ă  accepter d’épouser monsieur le gouverneur et de faire la fortune de monsieur le capitaine Candide ». Mais le passĂ© les rattrape, et ils risquent la mort pour avoir tuĂ© le grand inquisiteur. Candide fuit, CunĂ©gonde reste ; leur chemin se sĂ©pare pour la deuxiĂšme fois. Chapitre XIV Candide est accompagnĂ© dans sa fuite par un valet nommĂ© Cacambo. Il avait Ă©tĂ© enfant de chƓur, sacristain, matelot, moine, facteur, soldat, laquais » voilĂ  un compagnon de choix pour un Candide en pleine Ă©volution. Homme d’action plein d’allant, il encourage son maĂźtre quand on n’a pas son compte dans un monde, on le trouve dans un autre ». Au Paraguay, chez les jĂ©suites, Candide reconnaĂźt dans le commandant le frĂšre de CunĂ©gonde, le fils du baron, miraculeusement rescapĂ© du massacre du chĂąteau. Chapitre XV Le fils du baron raconte – C’est la troisiĂšme fois pour le lecteur – l’invasion du chĂąteau par l’armĂ©e bulgare et comment, tenu pour mort, il fut sauvĂ© par un jĂ©suite. Les retrouvailles se dĂ©roulent sous les meilleurs auspices, le baron qualifiant Candide de frĂšre » et de sauveur ». Les relations se dĂ©gradent cependant lorsque Candide fait part de son souhait d’épouser CunĂ©gonde fidĂšle aux valeurs familiales, le baron refuse catĂ©goriquement, car Candide n’a pas les quartiers de noblesse requis. Candide tente d’argumenter et de dĂ©fendre l’attachement de CunĂ©gonde Ă  son Ă©gard, mais, devant l’obstination du baron, il n’a d’autre choix que de le tuer. HabillĂ©s en jĂ©suites, Candide et Cacambo parviennent Ă  s’enfuir. Chapitre XVI Au Pays des Oreillons, Images de l’autre Tout inquiĂšte en terre inconnue, tout particuliĂšrement l'autre », menaçant par son Ă©trangetĂ©, soupçonnĂ© de mƓurs barbares. Candide abat deux singes Ă  la poursuite de deux femmes nues
 Il s'agit semble-t-il de leurs amants ! Candide et Cacambo sont ligotĂ©s pendant leur sommeil et vont ĂȘtre mangĂ©s par les habitants des lieux, les Oreillons, qui les prennent pour des JĂ©suites. L'agressivitĂ© contre les JĂ©suites qui les ont dĂ©possĂ©dĂ©s de leur territoire tombera dĂšs qu'il sera clair que Candide n'est pas jĂ©suite ils seront dĂšs lors traitĂ©s avec tous les Ă©gards. LĂ  oĂč jusqu'alors les EuropĂ©ens voyaient des "sauvages", le siĂšcle des LumiĂšres veut voir des ĂȘtres humains, Ă©gaux en droit quelle que soit leur race. Aussi n'est-ce pas sans ironie que Voltaire dĂ©crit ici les mƓurs les plus extrĂȘmes fantasmĂ©es par les EuropĂ©ens, de l'anthropophagie Ă  la zoophilie. Chapitre XVII L’Eldorado est dĂ©couvert par Candide et Cacambo au hasard de ce pĂ©riple en AmĂ©rique du Sud. Les expĂ©riences douloureuses du Nouveau Monde ont convaincu Cacambo de retourner en Europe, mais les deux protagonistes n’ont d’autres choix que de poursuivre leur route, et s’embarquent Ă  l’aventure dans une petite barque en se recommandant Ă  la Providence. Le canot finit par se fracasser contre des Ă©cueils qui ouvrent la porte de l’Eldorado C’est probablement le pays oĂč tout va bien ; car il faut absolument qu’il y en ait un de cette espĂšce », espĂšre Candide. Chapitre XVIII L'Eldorado, utopie et sociĂ©tĂ© idĂ©ale Pas de cour de justice, de parlement, ni de prison dans ce pays, mais un palais des sciences, des libertĂ©s individuelles reconnues, avec interdiction, pour les habitants, de sortir de ce royaume. Candide et Cacambo dĂ©cident pourtant d’en partir, parce que CunĂ©gonde manque Ă  l’un d’eux, et que la richesse leur ouvre des perspectives.. Une machine est spĂ©cialement construite pour les conduire de l’autre cĂŽtĂ© des montagnes, accompagnĂ©s de cent moutons chargĂ©s de vivres, de prĂ©sents, d’or et de pierreries. L’Eldorado tient une place essentielle dans le conte, puisqu’il en marque le milieu, Ă  la fois point d’aboutissement d’un parcours et point de dĂ©part du voyage de retour Candide dĂ©couvre un autre modĂšle de gouvernement et de bonheur qui se substitue au chĂąteau initial. Cependant, le lieu, aussi dorĂ© soit-il, ne comble pas toutes les attentes. Entre utopie et construction politique, il reste du chemin Ă  parcourir pour crĂ©er son propre jardin la sociĂ©tĂ© idĂ©ale est un sujet d’interrogation majeur du XVIIIe siĂšcle. Chapitre XIX Le Surinam, l’esclavage Candide et Cacambo quittent l’Eldorado chargĂ©s d’or et de rĂȘves. Mais ils perdent vite leurs richesses et doivent renoncer Ă  s’acheter un royaume. Aux abords du Surinam, la rencontre avec un esclave noir dans un Ă©tat pitoyable achĂšve de leur enlever leurs illusions. On l’a amputĂ© de la main droite et de la jambe gauche c’est Ă  ce prix que vous mangez du sucre en Europe ». Ce violent rĂ©quisitoire contre l’esclavage s’inscrit dans un vaste mouvement d’opinion qui dĂ©nonce cette pratique. Il faudra, en France, attendre 1848 pour que l’esclavage soit dĂ©finitivement aboli. Chapitre XX Buenos-Aires, Mal physique, mal moral Candide a chargĂ© Cacambo de passer Ă  Buenos Aires pour racheter CunĂ©gonde et la vieille, tandis qu'il se rend directement Ă  Venise. DĂ©sespĂ©rĂ© par le vol de ses derniĂšres richesses, il dĂ©cide d’emmener avec lui l’homme le plus malheureux de la province. Il choisit, parmi une foule de prĂ©tendants, le philosophe Martin. Tandis que le vaisseau vogue vers Bordeaux, les deux compagnons de voyage discutent quinze jours durant, du mal physique et du mal moral. Le combat naval qui s’achĂšve par le naufrage du bateau pirate qui a volĂ© tous les biens de Candide alimente leurs dĂ©bats s’il punit l’immoralitĂ© du capitaine, il engloutit dans le mĂȘme temps des centaines d’innocents. Ironie du sort seul un mouton en rĂ©chappe ! Le mal est partout cruautĂ© des hommes, injustice de la religion, dĂ©sastre naturel, incohĂ©rence politique. La question du mal, en Ă©troite relation avec la question de Dieu, alimente toute la rĂ©flexion philosophique du XVIIIe siĂšcle. Chapitre XXI Aux abords des cĂŽtes françaises, Candide expose son projet rejoindre Venise depuis Bordeaux. Nulle curiositĂ© de sa part aprĂšs un mois passĂ© dans l’Eldorado, d’autant que les commentaires de Martin sur les Français sont sans appel. Candide veut atteindre l’Italie pour y attendre CunĂ©gonde ; Martin accepte de le suivre pour son argent. La fin du voyage est l’occasion de questions de Candide Ă  Martin sur la pĂ©rennitĂ© du mal et sur la possibilitĂ© du bien. Son raisonnement s’affine il est question en dernier lieu du libre arbitre. Chapitre XXII Paris, jeux de sociĂ©tĂ© Candide et Martin se rendent finalement Ă  Paris. Voltaire met en scĂšne une satire de la vie parisienne en Ă©voquant successivement l’absence de reconnaissance sociale dont souffrent les actrices, la cruautĂ© des critiques, les jeux d’argent et la perfidie des conversations mondaines d’abord du silence, ensuite un bruit de paroles qu’on ne distingue point, puis des plaisanteries dont la plupart sont insipides, de fausses nouvelles, de mauvais raisonnements, un peu de politique et beaucoup de mĂ©disance ». Tout au long du chapitre, Candide est trompĂ© ; il part finalement pour Dieppe puis Portsmouth sans renoncer Ă  rejoindre un jour Venise. Le Paris prĂ©sentĂ© est futile et superficiel, mondain et trompeur. Le jeu y occupe une place de choix, en relation avec une sociĂ©tĂ© des LumiĂšres oĂč les jeux d’argent, licites ou illicites, ont envahi l’espace urbain et gagnĂ© toutes les couches de la sociĂ©tĂ©. Les formes en sont variĂ©es cabarets et billards, acadĂ©mies tolĂ©rĂ©es et tripots clandestins, bureaux de loterie
 Rien Ă  voir avec le Paris populaire que mettra en scĂšne la littĂ©rature du XIXe siĂšcle. Chapitre XXIII Sur fond d’explication de la guerre qui oppose Ă  grands frais les armĂ©es anglaise et française pour une terre canadienne fort Ă©loignĂ©e, l’arrivĂ©e Ă  Portsmouth coĂŻncide avec l’exĂ©cution d’un amiral qui bouleverse Candide l’homme pĂ©rit de n’avoir pas provoquĂ© assez de morts en affrontant l’ennemi. Candide refuse de descendre du navire et arrange au plus vite un dĂ©part pour Venise, toujours conduit par le dĂ©sir de retrouver CunĂ©gonde. Chapitre XXIV Cacambo et CunĂ©gonde ne sont pas au rendez-vous vĂ©nitien, et Candide sombre dans la mĂ©lancolie, prĂȘt Ă  succomber au pessimisme de Martin Que vous avez raison, mon cher Martin ! Tout n’est qu’illusion et calamitĂ©. » Les idĂ©es sombres ne rĂ©sistent pas, cependant, Ă  la vision plaisante d’un moine thĂ©atin, frĂšre GiroflĂ©e, avec une fille Ă  son bras. Celle-ci se rĂ©vĂšle ĂȘtre Paquette, la servante du chĂąteau de Thunder-ten-tronckh. DerriĂšre l’image du couple amoureux, se cache la sordide histoire d’un moine dĂ©froquĂ© et d’une misĂ©rable prostituĂ©e, ravagĂ©e par la maladie. Candide s’obstine toutefois Ă  croire Ă  l’amour et continue Ă  attendre un improbable retour de CunĂ©gonde. Chapitre XXV Venise, masques et carnaval l'inversion des valeurs Le seigneur vĂ©nitien, Pococurante, un homme qui n’a jamais eu de chagrin », retient l’attention de Candide et de Martin. Il passe en revue la peinture, la musique, l’opĂ©ra, la littĂ©rature, la poĂ©sie, les sciences, le théùtre, la philosophie, les jardins
 L’homme est revenu de tout l’opĂ©ra ? Des chansons ridicules ! Un concerto ? Du bruit qui fatigue tout le monde ! HomĂšre ? Rien que des batailles ! Candide s’interroge peut-il y avoir du plaisir Ă  n’avoir pas de plaisir ? Ville de carnaval, Venise est la ville de l’inversion des valeurs. Voltaire en fait un dĂ©cor de choix pour un personnage blasĂ©, un anti-Casanova dans une ville multiforme, singuliĂšre et inattendue. Chapitre XXVI Venise, pouvoir et rois dĂ©chus Cacambo surgit brusquement au cours d’un dĂźner et rĂ©vĂšle que CunĂ©gonde se trouve Ă  Constantinople lui-mĂȘme est esclave et exhorte Candide Ă  se tenir prĂȘt au dĂ©part. Ce rebondissement n’est pas la seule surprise d’un Ă©pisode mystĂ©rieux, au cƓur du carnaval de Venise qui inverse les rĂŽles entre maĂźtres et valets. Les six compagnons de Candide et de Martin lors de ce dĂźner se rĂ©vĂšlent ĂȘtre des rois dĂ©chus qui narrent tour Ă  tour leur parcours malheureux le sultan Achmet III, Ivan, empereur de toutes les Russies, le roi d’Angleterre, Charles-Edouard, deux rois des Polaques et, enfin, ThĂ©odore, roi de Corse. Tous sont venus Ă  Venise pour le Carnaval, et tous sont dĂ©chus de leur pouvoir. Voltaire convoque ici des figures historiques qui incarnent la vanitĂ© et le caractĂšre Ă©phĂ©mĂšre du pouvoir l’épisode participe de la rĂ©flexion politique du philosophe sur la notion de gouvernement qui constitue l’un des fils conducteurs de Candide, bien sĂ»r, mais aussi du Dictionnaire philosophique. Du systĂšme hiĂ©rarchique aristocratique qui rĂšgne au chĂąteau dont Candide est exclu, Ă  l’organisation communautaire du jardin dont le baron est chassĂ©, c’est une rĂ©flexion sur la place de l’individu dans le systĂšme qui le gouverne et l’émergence de l’homme social qui se dĂ©ploie. Chapitre XXVII En route vers Constantinople, Cacambo dĂ©crit la situation de CunĂ©gonde esclave dans la maison d’un ancien souverain sur le rivage de la Propontide, chez un prince qui a trĂšs peu d’écuelles », elle est devenue horriblement laide ». Candide se soucie peu de cette Ă©volution, mais s’interroge sur l’usage de la fortune, dilapidĂ©e selon un schĂ©ma dĂ©sormais classique dans le conte rachat de la personne humaine, piraterie, errance, esclavage. Cacambo est rachetĂ© par Candide, et le petit groupe retrouve au hasard de la traversĂ©e le frĂšre de CunĂ©gonde et Pangloss, devenus tous deux galĂ©riens. Les derniers diamants de l’Eldorado libĂšrent les deux malheureux, et tous repartent vers la Turquie pour dĂ©livrer CunĂ©gonde. Chapitre XXVIII Le baron et Pangloss racontent leur histoire l’un, rĂ©chappĂ© du coup d’épĂ©e de Candide, devenu aumĂŽnier avant d’ĂȘtre condamnĂ© aux galĂšres ; l’autre, pendu, dissĂ©quĂ©, un temps laquais, avant d’ĂȘtre Ă  son tour condamnĂ© aux galĂšres. Devant ces injustices nĂ©es de l’intolĂ©rance et de la superstition, Candide, Ă  prĂ©sent capable de discernement, interroge Pangloss avez-vous toujours pensĂ© que tout allait le mieux du monde ? ». Pangloss est formel son jugement n’a pas Ă©voluĂ©. Chapitre XXIX Narration des aventures, raisonnement sur les effets et les causes, interrogation sur le mal moral et sur le mal physique, sur la libertĂ© et la nĂ©cessitĂ©, portent les protagonistes jusqu’à la maison du prince de Transylvanie, oĂč ils retrouvent, enfin, CunĂ©gonde et la vieille. Cacambo avait dit juste CunĂ©gonde est bien laide et Candide s’en Ă©meut avec Ă©lĂ©gance. Le fils du baron n’a pas changĂ© il refuse toujours radicalement une possible union entre CunĂ©gonde et Candide, malgrĂ© les larmes de sa sƓur, et la colĂšre de Candide devant tant d’absurditĂ© et d’ingratitude. L’apparence de CunĂ©gonde dĂ©tourne dĂ©sormais quiconque de tout dĂ©sir d’union. Chapitre XXX En Orient, le jardin AttachĂ© Ă  une domination aristocratique qui n’a plus cours, le baron s’avĂšre incapable d’évoluer et s’exclut de la nouvelle communautĂ©. Celle-ci, privĂ©e des richesses de l’Eldorado, doit trouver en elle-mĂȘme les ressources pour dĂ©velopper, non sans mal, la modeste mĂ©tairie dans laquelle elle s’est installĂ©e. Cacambo en a assez de cultiver les lĂ©gumes ; le caractĂšre de CunĂ©gonde se dĂ©grade ; Pangloss souffre de ne pouvoir briller. Seul, Martin, avec son fatalisme habituel, s’accommode de la situation. Tous philosophent cependant, alors que Paquette et le frĂšre GiroflĂ©e les rejoignent. La devise d’un bon vieillard turc donne sens Ă  ce jardin comme promesse de vie le travail Ă©loigne de nous trois grands maux l’ennui, le vice et le besoin. ». Candide la fait sienne et tous l’acceptent chacun se mit Ă  exercer ses talents » et la petite sociĂ©tĂ© prend sens. Ce jardin mĂ©taphorique constitue le point d’aboutissement d’un pĂ©riple qui, Ă  partir d’un lieu clos et hiĂ©rarchisĂ©, a conduit Ă  parcourir un monde extĂ©rieur, hantĂ© par le mal et la violence, et un monde intĂ©rieur plus trouble encore, permettant Ă  Candide de se rĂ©vĂ©ler. L’Eldorado est dĂ©terminant puisqu’il propose l’espoir d’un autre systĂšme social, appuyĂ© sur le consentement collectif. Le jardin, par la place laissĂ©e Ă  chacun et la reconnaissance de son travail, ouvre l’espace d’une libertĂ© et d’un bonheur, certes plus modestes mais assurĂ©ment plus fiables. Il faut cultiver notre jardin ! RENAN, Ernest 1823-1892 Qu'est-ce qu'une nation ?, 1882. suite et fin. III Une nation est une Ăąme, un principe spirituel. Deux choses qui, Ă  vrai dire, n'en font qu'une, constituent cette Ăąme, ce principe spirituel. L'une est dans le passĂ©, l'autre dans le prĂ©sent. L'une est la possession en commun d'un riche legs de souvenirs ; l'autre est le consentement actuel, le dĂ©sir de vivre ensemble, la volontĂ© de continuer Ă  faire valoir l'hĂ©ritage qu'on a reçu indivis. L'homme, Messieurs, ne s'improvise pas. La nation, comme l'individu, est l'aboutissant d'un long passĂ© d'efforts, de sacrifices et de dĂ©vouements. Le culte des ancĂȘtres est de tous le plus lĂ©gitime ; les ancĂȘtres nous ont faits ce que nous sommes. Un passĂ© hĂ©roĂŻque, des grands hommes, de la gloire j'entends de la vĂ©ritable, voilĂ  le capital social sur lequel on assied une idĂ©e nationale. Avoir des gloires communes dans la passĂ©, une volontĂ© commune dans le prĂ©sent ; avoir fait de grandes choses ensemble, vouloir en faire encore, voilĂ  les conditions essentielles pour ĂȘtre un peuple. On aime en proportion des sacrifices qu'on a consentis, des maux qu'on a soufferts. On aime la maison qu'on a bĂątie et qu'on transmet. Le chant spartiate Nous sommes ce que vous fĂ»tes ; nous serons ce que vous ĂȘtes» est dans sa simplicitĂ© l'hymne abrĂ©gĂ© de toute patrie. Dans le passĂ©, un hĂ©ritage de gloire et de regrets Ă  partager, dans l'avenir un mĂȘme programme Ă  rĂ©aliser ; avoir souffert, joui, espĂ©rĂ© ensemble, voilĂ  ce qui vaut mieux que des douanes communes et des frontiĂšres conformes aux idĂ©es stratĂ©giques ; voilĂ  ce que l'on comprend malgrĂ© les diversitĂ©s de race et de langue. Je disais tout Ă  l'heure avoir souffert ensemble» ; oui, la souffrance en commun unit plus que la joie. En fait de souvenirs nationaux, les deuils valent mieux que les triomphes, car ils imposent des devoirs, ils commandent l'effort en commun. Une nation est donc une grande solidaritĂ©, constituĂ©e par le sentiment des sacrifices qu'on a faits et de ceux qu'on est disposĂ© Ă  faire encore. Elle suppose un passĂ© ; elle se rĂ©sume pourtant dans le prĂ©sent par un fait tangible le consentement, le dĂ©sir clairement exprimĂ© de continuer la vie commune. L'existence d'une nation est pardonnez-moi cette mĂ©taphore un plĂ©biscite de tous les jours, comme l'existence de l'individu est une affirmation perpĂ©tuelle de vie. Oh ! je le sais, cela est moins mĂ©taphysique que le droit divin, moins brutal que le droit prĂ©tendu historique. Dans l'ordre d'idĂ©es que je vous soumets, une nation n'a pas plus qu'un roi le droit de dire Ă  une province Tu m'appartiens, je te prends». Une province, pour nous, ce sont ses habitants ; si quelqu'un en cette affaire a droit d'ĂȘtre consultĂ©, c'est l'habitant. Une nation n'a jamais un vĂ©ritable intĂ©rĂȘt Ă  s'annexer ou Ă  retenir un pays malgrĂ© lui. Le vƓu des nations est, en dĂ©finitive, le seul critĂ©rium lĂ©gitime, celui auquel il faut toujours en revenir. Nous avons chassĂ© de la politique les abstractions mĂ©taphysiques et thĂ©ologiques. Que reste-t-il, aprĂšs cela ? Il reste l'homme, ses dĂ©sirs, ses besoins. La sĂ©cession, me direz-vous, et, Ă  la longue, l'Ă©miettement des nations sont la consĂ©quence d'un systĂšme qui met ces vieux organismes Ă  la merci de volontĂ©s souvent peu Ă©clairĂ©es. Il est clair qu'en pareille matiĂšre aucun principe ne doit ĂȘtre poussĂ© Ă  l'excĂšs. Les vĂ©ritĂ©s de cet ordre ne sont applicables que dans leur ensemble et d'une façon trĂšs gĂ©nĂ©rale. Les volontĂ©s humaines changent ; mais qu'est-ce qui ne change pas ici-bas ? Les nations ne sont pas quelque chose d'Ă©ternel. Elles ont commencĂ©, elles finiront. La confĂ©dĂ©ration europĂ©enne, probablement, les remplacera. Mais telle n'est pas la loi du siĂšcle oĂč nous vivons. À l'heure prĂ©sente, l'existence des nations est bonne, nĂ©cessaire mĂȘme. Leur existence est la garantie de la libertĂ©, qui serait perdue si le monde n'avait qu'une loi et qu'un maĂźtre. Par leurs facultĂ©s diverses, souvent opposĂ©es, les nations servent Ă  l'Ɠuvre commune de la civilisation ; toutes apportent une note Ă  ce grand concert de l'humanitĂ©, qui, en somme, est la plus haute rĂ©alitĂ© idĂ©ale que nous atteignions. IsolĂ©es, elles ont leurs parties faibles. Je me dis souvent qu'un individu qui aurait les dĂ©fauts tenus chez les nations pour des qualitĂ©s, qui se nourrirait de vaine gloire ; qui serait Ă  ce point jaloux, Ă©goĂŻste, querelleur ; qui ne pourrait rien supporter sans dĂ©gainer, serait le plus insupportable des hommes. Mais toutes ces dissonances de dĂ©tail disparaissent dans l'ensemble. Pauvre humanitĂ©, que tu as souffert ! que d'Ă©preuves t'attendent encore ! Puisse l'esprit de sagesse te guider pour te prĂ©server des innombrables dangers dont ta route est semĂ©e ! Je me rĂ©sume, Messieurs. L'homme n'est esclave ni de sa race, ni de sa langue, ni de sa religion, ni du cours des fleuves, ni de la direction des chaĂźnes de montagnes. Une grande agrĂ©gation d'hommes, saine d'esprit et chaude de cƓur, crĂ©e une conscience morale qui s'appelle une nation. Tant que cette conscience morale prouve sa force par les sacrifices qu'exige l'abdication de l'individu au profit d'une communautĂ©, elle est lĂ©gitime, elle a le droit d'exister. Si des doutes s'Ă©lĂšvent sur ses frontiĂšres, consultez les populations disputĂ©es. Elles ont bien le droit d'avoir un avis dans la question. VoilĂ  qui fera sourire les transcendants de la politique, ces infaillibles qui passent leur vie Ă  se tromper et qui, du haut de leurs principes supĂ©rieurs, prennent en pitiĂ© notre terre Ă  terre. Consulter les populations, fi donc ! quelle naĂŻvetĂ© ! VoilĂ  bien ces chĂ©tives idĂ©es françaises qui prĂ©tendent remplacer la diplomatie et la guerre par des moyens d'une simplicitĂ© enfantine». - Attendons, Messieurs ; laissons passer le rĂšgne des transcendants ; sachons subir le dĂ©dain des forts. Peut-ĂȘtre, aprĂšs bien des tĂątonnements infructueux, reviendra-t-on Ă  nos modestes solutions empiriques. Le moyen d'avoir raison dans l'avenir est, Ă  certaines heures, de savoir se rĂ©signer Ă  ĂȘtre dĂ©modĂ©. retour introduction, chapitre 1, chapitre 2, chapitre 3 table des auteurs et des anonymes

aucun de nous ne reviendra résume par chapitre